Après une phase d’expérimentation, le POFIP lance l’évaluation des formations mobiles offertes aux jeunes haïtiens exclus ou marginalisés du système scolaire, dans les régions les plus reculées du pays. L’objectif de cette enquête est double : attester de l’impact de la stratégie de formation mobile et en faire émerger les facteurs de succès, pour évoluer vers une approche plus globale, systémique et systématique, pouvant servir de modèle à l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux intervenant sur la question.
Développée en partenariat avec le Bureau du Secrétaire d’État à la Formation Professionnelle (BSEFP) et l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP), la formation mobile est une stratégie expérimentée depuis 2013 par l’APEFE, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Orientation, de Formation et d’Insertion Professionnelles (POFIP) en Haïti.
Elle offre aux jeunes issus des localités dépourvues d’infrastructures de formation, des sessions de formation technique in situ – en maçonnerie chainée, techniques agricoles, ou en réparation de motocyclettes – accompagnées de cours de création et de gestion d’entreprise. D’une durée totale de 440h, chaque session est validée en fin de parcours par une attestation d’aptitude professionnelle reconnue sur le marché de l’emploi. Cette initiative s’adresse tout particulièrement jeunes vulnérables de moins de 35 ans exclus du système ou en décrochage scolaire.
L’enquête
La première partie de l’enquête, menée en mars 2016, se concentre sur les 6 communes reculées d’Aquin, Anse-à-veau, St Michel de l’Attalaye, Camp-coq, Ennery et Labadie situées dans la région de l’Artibonite. Johnny Derlicieux, assistant technique du programme spécialisé en orientation et insertion professionnelle, y a rencontré les jeunes formés en août 2015, afin de déceler 6 mois plus tard, les principaux facteurs de succès de la stratégie. A travers l’analyse de la situation professionnelle, de l’adéquation des compétences acquises au métier exercé et le taux de satisfaction générale des jeunes formés, l’enquête formule des recommandations visant à faciliter la prise de décision des autorités chargée de la direction du programme.
Dès la première phase de son exécution, l’enquête souligne déjà l’évolution positive du potentiel d’insertion durable des jeunes sur le marché du travail et l’amélioration notable de leurs conditions de vie. Elle recommande par ailleurs le maintien de l’attention accordée à l’évolution des besoins en formation ; à la vérification des critères de sélection des participants ; et à la mise en place d’un système de suivi et d’accompagnement, nécessaire aux jeunes entrepreneurs pour entrer graduellement dans l’économie formelle.
Perspectives et recommandations
Concrètement, des formations complémentaires sont envisagées dans les prochaines phases de mise en oeuvre de la stratégie en « électricité moto » et en « moteur » pour la filière de réparation spécialisée « moto ». Ainsi qu’une campagne de sensibilisation des populations locales pour stimuler l’ouverture aux nouvelles méthodes de construction et à la solidarité professionnelle envers les nouvelles recrues disponibles sur le marché de l’emploi dans la construction. Finalement, l’enquête recommande également la création d’association de corps de métiers, regroupant les jeunes nouvellement formés, et la mise en commun des moyens de production, ainsi que l’appui systématique du POFIP en équipement et outil de travail afin de faciliter le démarrage des futures microentreprises.
À ce jour, ces sessions de formation ont déjà touché près de 400 jeunes et en toucheront encore bien d’autres, à travers les formations programmées en 2016 dans les filières électricité, cuisine-pâtisserie et en cosmétologie.
D’après un compte rendu de Johnny Derlicieux, assistant-conseiller du Programme d’Orientation, de Formation et d’Insertion Professionnelle en République d’Haïti.