5 infirmiers palestiniens sont actuellement en formation longue durée à l’HEPH-C à Tournai, pour une année de spécialisation en soins intensifs et aide médicale d’urgence. Ce programme de l’APEFE en Palestine, réalisés en collaboration avec WBI, vise la création de services de santé spécialisés, apte à répondre aux besoins de la population palestinienne. Une nécessité pour les hôpitaux de Cisjordanie, coupés du monde extérieur par un mur de plusieurs kilomètres, construit par Israël.
Tout a commencé par une histoire d’amitié. Serge Hustache, député provincial de la province du Hainaut, en visite dans les territoires palestiniens, rencontre Edmond Shehadeh, directeur de la Bethléem Arab Society for Rehabilitation (BASR), un établissement hospitalier situé à Bethléem, à environ 10 km au sud de Jérusalem. Edmond vient ensuite en Belgique et rencontre Pierre Felix, responsable de l’unité de soins infirmiers de la Haute Ecole Provinciale de Hainaut-Condorcet (HEPH-C). De fil en aiguille, un projet de coopération à long terme se tisse entre les deux institutions. C’est sur cette base qu’en 2010, l’APEFE se lance dans l’aventure et finance deux programmes entièrement gérés par la BASR. Leur objectif : l’amélioration de la qualité des soins de santé et de la prise en charge de groupes vulnérables.
Isolés du reste du monde par le « mur de la honte », les hôpitaux de Cisjordanie sont directement confrontés aux besoins d’une population continuellement sous tension. Développer des unités de soins très spécialisées est devenu pour eux une nécessité absolue. En réponse à cet appel, l’APEFE place au cœur de ses 2 programmes, des formations continues et de longue durée en soins intensifs et aide médicale d’urgence pour le personnel de la BASR, organisées tant en Palestine qu’en Belgique. C’est dans cette perspective de création de capacités locales qu’arrivent, leur DELF (diplôme d’études en langue française) en poche, les jeunes candidats infirmiers venus effectuer leur spécialisation SIAMU (Soins Intensifs et Aide Médical Urgente) à l’HEPH-C. Pour ce faire, l’APEFE a fait appel à l’expertise de Wallonie Bruxelles International et à son service spécialisé dans la gestion des bourses d’études.
Agés de 24 à 27 ans, ils sont 5 – dont une femme – à être du premier voyage. Accueillis chaleureusement par Pierre Félix et son équipe, Hiba, Rami, Ahmed, Mohamed et Fadi ont d’abord suivi pendant 5 semaines, des cours intensifs de perfectionnement en langue française. L’occasion pour eux de faire connaissance avec la culture locale et de participer à de nombreuses activités culturelles et festives. En plus de l’opportunité d’acquérir une pratique plus poussée, cette expérience leur permet de « comparer les services et les habitudes, en termes de soins et de relationnel entre patients et employés », précise Ahmed, qui tient à présenter son pays « tel qu’il est vraiment », soit bien différent de l’image véhiculée par les média.
Du haut de ses 26 ans, ce jeune infirmier sait de quoi il parle. Employé comme ses collègues par la BASR, il est originaire de Tulkarem, une ville de Cisjordanie à la population compressée, à 15 km de la « ligne verte », théâtre permanent des conflits israélo-palestiniens. « En arrivant, la première chose que nous avons cherchée, c’est les containers d’eau sur les toits . Dans notre pays, nous sommes obligés de faire des réserves pour avoir de l’eau, » explique l’un d’eux. « Tout le monde est si libre ici ! Chez nous, pour aller à Jérusalem, on doit avoir un travail et au minimum 40 ans ! Ici on circule comme on veut. »
En visite ce lundi 1er octobre à l’HEPH-C, Stéphan Plumat, directeur de l’APEFE, et Sigrid De Meester, responsable géographique pour les programmes en Palestine, ont renouvelé leurs encouragements aux acteurs impliqués et aux futurs diplômés, et assuré de leur motivation commune, le développement de capacités locales et de la solidarité internationale dans la coopération technique pour le développement.
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