En Bolivie, la participation des parents d’élèves au sein de l’école ne se limite pas à l’entretien ou à la construction gratuite des locaux, mais leur permet aussi de donner leur avis sur les questions éducatives. Malgré les nouvelles lois et nombreux discours sur la prise en compte du contexte socio culturel, les programmes pédagogiques continuaient, jusqu’il y a peu, d’être pensés et décidés depuis des sphères intellectuelles lointaines. C’est pour y remédier que certain représentants des peuples indigènes des Terres basses ont eu l’idée de proposer un une formation en gestion pédagogique communautaire, pour aider les parents d’élèves à s’approprier les contenus enseignés et à définir les contours d’une école qui leurs ressemble.
Après deux ans de formation, le défi consistait pour les gestionnaires communautaires à réaliser, dans un cadre scolaire, une recherche sur un sujet culturel ou linguistique lié à ses origines, pour aboutir à un produit pédagogique concret, d’une valeur avant tout intra-culturelle. Ce travail représentait un réel défi pour certain qui n’avaient pour bases qu’une ou deux années du cycle primaire. Pourtant il est de ces défis qui réussissent à transformer ceux qui s’y investissent. Avec tant de force qu’ils finissent même par réaliser des prouesses.
Car si la formation des gestionnaires a permis de construire des compétences de gestion très concrètes au sein des communautés, les travaux de recherches ont également permis aux participants de se reconnecter avec leurs racines culturelles et de redorer le blason des lignées indigènes ancestrales tels que les Chiquitano, les Guarani, les Mojeño, etc. Aujourd’hui, de nombreux « gestionnaires » sont proactifs dans l’école de leurs enfants et parviennent à s’impliquer tant au niveau de la gestion, qu’au niveau des contenus enseignés. Concrétisant in fine, une éducation contextualisée, valorisant les cultures et identités locales au-delà des discours intellectuels.