Lors du Symposium sur l’ETFP a eu lieu une session de travail sur l’apprentissage par le travail: une panacée pour les apprenants de l’ETFP ? L’apprentissage par le travail, défini selon 2 caractéristiques : apprendre dans un contexte de travail et apprendre en faisant, englobe tous les dispositifs de stage qu’ils soient obligatoires ou facultatifs et les dispositifs d’apprentissage en alternance qu’ils soient traditionnels ou modernes. La session de travail était l’occasion pour les parties prenantes rwandaises de débattre sur les mécanismes de qualité mis en œuvre dans les différents dispositifs d’apprentissage par le travail dans le passé et, dans la nouvelle politique d’apprentissage sur le lieu de travail approuvée en Septembre dernier.
L’apprentissage par le travail : Une panacée ?
L’importance de l’apprentissage par le travail pour les apprenants de l’ETFP a été rappelée par Agnès Ammeux, Assistante Technique Insertion Professionnelle du Programme d’appui à la Formation Professionnelle (PAFP) au Rwanda, qui a posé le cadre des débats. Non seulement les apprenants qui bénéficient d’un dispositif d’apprentissage par le travail ont un taux d’emploi plus élevé que les autres ; mais leur transition vers l’emploi est plus rapide. Dans les 6 mois après l’obtention de leur diplôme, 70% des apprenants qui ont bénéficié d’un dispositif d’apprentissage par le travail ont un emploi, contre 50% des autres apprenants (Chiffres CEDEFOP pour l’UE27).
Il est également prouvé que les différents dispositifs d’apprentissage par le travail permettent d’acquérir les savoirs comportementaux tels que la résolution de problèmes, le travail d’équipe, l’esprit d’initiative, etc, qui ne peuvent qu’être difficilement acquis dans un centre de formation.
Les dispositifs d’apprentissage par le travail créent aussi un bénéfice productif pour l’entreprise, puisque le jeune apprenti ou stagiaire contribue au processus de production et crée de la valeur. Au plus la durée du dispositif est longue, au plus le jeune apprenti ou stagiaire apporte un bénéfice financier à l’entreprise.
Pour les entreprises, accueillir un stagiaire ou un apprenti leur crée également un bénéfice de recrutement puisque l’employeur potentiel peut évaluer les jeunes en situation réelle de travail et ainsi recruter le(s) meilleur(s) d’entre eux.
Les mécanismes de qualité du Programme de stage de WDA
Eugène MUKESHIMANA, chargé des stages à l’IPRC/Sud, présente les mécanismes de qualité mis en œuvre dans le programme de stage de WDA. D’abord, chaque stagiaire a un programme de stage bien défini, sur la base du curriculum et, qui a fait l’objet d’un contrat entre le superviseur d’entreprise et l’école technique. Ensuite les stagiaires sont régulièrement suivis par leur formateur, qui vérifie que le programme de stage est bien mis en œuvre. Enfin, le stagiaire est évalué conjointement par le formateur et le superviseur d’entreprise à la fin du stage, selon des critères transparents et clairement définis.
Par ailleurs, en préalable au stage, les Directeurs d’écoles et les formateurs démarchent les entreprises pour trouver des places de stage aux apprenants qui ne l’ont pas trouvé eux-mêmes. C’est une occasion pour sensibiliser les entreprises à la collaboration avec les écoles techniques et de leur expliquer la réforme de la formation technique et professionnelle au Rwanda.
Malgré tous ces mécanismes mis en œuvre, les écoles techniques et professionnelles témoignent qu’elle se heurtent toujours à une réticence du secteur privé à accueillir des stagiaires, sous prétexte qu’ « ils ne sont pas compétents », qu’ « ils vont endommager les machines et équipements » ou bien les employeurs demande une caution, une garantie ou une contribution financière pour les frais de supervision.
L’implication du secteur privé demeure le chantier de l’ETFP au Rwanda
Antoine Manzi, Représentant de la Fédération du Secteur Privé au Rwanda, reconnaît que l’implication du secteur privé dans la formation technique et professionnelle en général et dans les dispositifs d’apprentissage par le travail en particulier reste un défi. Il est difficile de sensibiliser les membres de la Fédération du Secteur Privé au Rwanda, qui est composé d’une multitude de petites entreprises. Ces entreprises majoritairement uninominales avec peu d’employés salariés et qualifiés, ont peu d’intérêt direct à accueillir des stagiaires. Au Rwanda, 90% des entreprises sont très petites et nombre d’entre elles sont informelles.
Faustin MWAMBARI, Directeur d’Unité au Ministère du Travail, clôt la session de travail en rappelant que la politique d’apprentissage sur le lieu de travail validée en Septembre 2015, devrait permettre de répondre à ces défis, en faisant travailler conjointement les différents acteurs de l’apprentissage sous la houlette du Secrétariat National pour la Renforcement des Capacités. Cette politique prévoit notamment de négocier une assurance de groupe pour les stagiaires et apprentis, de renforcer les capacités du secteur privé à accueillir des stagiaires ou apprentis et, d’étudier l’opportunité d’instaurer une taxe d’apprentissage au Rwanda.
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