Face à la pandémie du COVID-19, le Sénégal qui a enregistré son premier cas le 02 mars 2020 et dont le chiffre de cas positifs atteint les 1 182 deux mois plus tard, a très rapidement réagi en procédant à la fermeture des écoles et universités dès le 16 mars ainsi que les frontières aériennes et terrestres le 18 mars jusqu’au 1er juin 2020. Dès le 24 mars 2020 le Président Macky SALL a déclaré l’Etat d’urgence, assorti d’un couvre-feu tous les jours de 20h à 6h sur l’étendue du territoire national et d’un ensemble de mesures restrictives jusqu’au 2 juin prochain. Les autorités compétentes, renforcées par les forces de sécurité et de défense, sont donc investies du pouvoir de réglementer ou d’interdire la circulation des personnes, des véhicules ou des biens, d’interdire tous cortèges, défilés, rassemblements et manifestations sur la voie publique, ordonner la fermeture des lieux publics et lieux de réunions. Si le confinement n’est pas total, les dispositions sanitaires pour lutter contre la propagation du coronavirus se sont durcies en rendant obligatoires le port du masque et la distanciation sociale par la limitation du nombre de passagers dans les transports en commun.
Cette crise sanitaire impactera gravement le contexte socio-économique dont une projection de croissance du PIB post-COVID-19 prévoit une régression passant de 5,3% en 2019 à 2,8%, au lieu de 6,8% en 2020, et en particulier dans le secteur du commerce chutant de 6,0% en 2019 à 0,1% au lieu de 7,1% en 2020.
Une réponse politique forte est traduite par le Programme de résilience économique et sociale avec une levée du Fonds Force COVID-19 à hauteur de 1,5 milliards d’euros co-financé par l’état, le secteur privé et les partenaires au développement (FMI, BM, BID et BAD notamment).
Le programme Jigeen Ñi Tamit (JNT) mis en œuvre par l’APEFE en partenariat avec le Ministère de la Femme de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants (MFFGPE), financé par la Coopération au développement belge, par son appui à l’entrepreneuriat féminin dans le secteur de la transformation agroalimentaire, entend bien contribuer à la riposte tout en se concentrant dans son périmètre d’intervention.
Effectivement JNT met en place une stratégie compensatoire à la suspension des activités de renforcement des capacités qui occasionnent des rassemblements et des ateliers divers pour néanmoins réinvestir les acquis de formation en même temps que de répondre à la crise sanitaire et alimentaire qui se profile et de soutenir la poursuite des activités économiques des femmes entrepreneures appuyées (moyen et long termes). Cette réorientation permet aux entreprises féminines accompagnées dans les régions de Thiès et Louga de maintenir ou relancer leurs activités à travers un renforcement des circuits de distribution pour la commercialisation de leurs produits transformés et un accès facile à l’approvisionnement en matières premières. Trois niveaux d’intervention articulés par une approche transversale de renforcement des capacités managériales et techniques des bénéficiaires se répartissent sur des durées différentes :
Le court terme se concrétise durant la période imminente du Ramadan par la commercialisation de paniers-ramadan, constitués par les entreprises les plus performantes (une dizaine) avec un assortiment de produits locaux transformés, de qualité, sains et naturels destinés à une clientèle au pouvoir d’achat élevé à moyen à Dakar, Thiès et Mbour, via une vente en ligne ou en dépôt-vente.
Le moyen terme est une extension du projet de paniers ramadan aux entreprises un peu moins performantes, ayant des difficultés et fragilisées par la crise sanitaire. Une subvention en nature est injectée au niveau de l’achat d’intrants dans un premier temps, jusqu’à obtention d’un fonds de roulement, puis l’appui se recentre sur l’organisation des ventes, de transport et de commercialisation. Les produits locaux ayant une exigence de qualité moyenne ciblent une clientèle au pouvoir d’achat moyen à modéré.
Enfin, le long terme soutient les entreprises féminines qui ont presque ou cessé leurs activités. La relance de leurs activités se fonde sur un placement pertinent et intelligent des subventions pour appuyer la rentabilité. La production vise à contribuer à la sécurité alimentaire sous forme de rations étudiées pour les personnes les plus vulnérables notamment les talibés ou enfants dans les dahras ou les ménages démunis.
Tout au long de son déroulement, cette réorientation en réponse au COVID-19 permet d’explorer, exploiter et consolider les réseaux de producteurs en amont, via les partenariats notamment des ACNG, ainsi que, en aval, les réseaux de commercialisation via des points de ventes délocalisés et en ligne pour une approche plus holistique et globale de la chaîne des valeurs.
Il s’agit également de rebondir sur cette crise sanitaire pour asseoir de manière durable le changement de comportement instigué par le programme en termes de bonnes pratiques d’hygiène dans la chaîne de transformation et de diffuser largement la démarche qualité des produits locaux via des vidéos promotionnelles dans les divers canaux de communication et réseaux sociaux.
Enfin, dans une perspective genre, les femmes démontrent plus que jamais, en ce contexte de crise sanitaire et de récession économique, qu’elles constituent véritablement des moteurs de l’économie nationale.