Les équipes des la Direction de la Coopération bilatérale directe de WBI et de l’APEFE ont organisé une journée de réflexion en équipe le 28 mars 2022. Pour questionner notre vision du monde et juger, chacun en notre for intérieur, si cette vision est bien la plus appropriée à cette ambition. La journée était organisée en trois parties. La première, animée par Julien et Arno de PAC-G a permis d’identifier les biais induits par la colonisation belge, la deuxième plus festive nous a permis de dire au revoir à notre collègue Walter Coscia, parti à la retraite et pendant le troisième, Julien nous a guidé dans Bruxelles dans une visite des lieux d’où a été dirigée la colonisation du Congo. Nous en avons profité pour accueillir et intégrer aux équipe notre nouveau collègue, Christian Collard qui succédera bientôt à Francis Vander Auwera.
Nous vivons dans un monde en mutations et recompositions. Les rapports entre les individus, entre les peuples et, au-delà, entre les territoires sont repensés. Le domaine de la coopération pour le développement ou au développement n’y échappe pas. Personne ne peut nier que cette coopération que nous menons constitue la suite, malheureusement logique de la colonisation d’une grande partie du monde par une toute petite partie de celui-ci. Cette colonisation précédée et accompagnée par la mise en place de régimes esclavagistes a été marquée par des relations de dominations brutales voire cruelles. Ces relations profondément déséquilibrées ont induit des biais dans le regard que nous portons sur les autres et qui sont porteurs d’inégalités. Le racisme est un de ces biais comme les inégalités de genre. Il est essentiel, dans l’activité que nous menons au quotidien, d’être conscient de tout cela pour traquer les biais et les atténuer.
Les relations de dominants à dominés ne sont jamais équilibrées, ni justes, ni respectueuses.
La rancœur des dominés, la cécité des dominants couplée à leur arrogance, constituent autant d’obstacles mentaux qui empêchent de progresser vers un monde où les souffrances seraient minimales et le bonheur maximal pour le plus grand nombre.
Comment donc rétablir un équilibre pour en venir à des relations réconciliées porteuses d’un réel développement humain marqué par le respect de tous et toutes pour toutes et tous.
Comme l’écrit Rémy Rioux dans son ouvrage « Réconciliations »* à la page 41,
« La politique de développement n’a pas encore assez nettement rompu les liens avec la politique coloniale, fille de la politique industrielle pour Jules Ferry, mue par la logique du progrès née des lumières, fondée sur un modèle de rattrapage et la conviction que l’Occident serait porteur du savoir qu’il aurait pour idéal d’apporter aux peuples et aux civilisations lointaines. »et plus loin à la page 45, « La politique de développement doit trouver une nouvelle ambition, redéfinir ses objectifs et réinventer ses instruments pour devenir l’agent de nos réconciliations en actes, le métier à tisser une trame toujours plus étroite entre les peuples et entre les objectifs apparemment contradictoires, mais profondément cohérents inscrits dans les ODD des Nations Unies. »
*Rémy Rioux, Réconciliations, Débats Publics, 2019