Depuis les années 70, le développement de l’irrigation est une priorité du gouvernement burkinabé. Cela s’est traduit en 2003 par l’élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Durable de l’Agriculture Irriguée (SNDDAI) et par la création au sein du ministère de l’agriculture d’une direction en charge du développement de l’irrigation. Actuellement, elle se nomme la Direction des Aménagements et du Développement de l’irrigation (DADI). Depuis 2008, l’APEFE appuie la DADI pour améliorer les compétences de ses cadres, techniciens et encadreurs de base.
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé au cœur de l’Afrique de l’ouest. Il fait partie des pays les plus pauvres du monde. Plus de 80 % de sa population tire toujours ses revenus de l’agriculture. Son climat se caractérise par deux saisons très contrastées : une saison des pluies qui dure en général 4 mois de juin à septembre, avec des précipitations comprises entre 300 mm dans le nord et 1 200 mm dans le sud du pays, et une saison sèche qui dure huit mois d’octobre à juin. L’agriculture burkinabé est donc dépendante des pluies pour sa production mais de plus en plus se développent des cultures irriguées en saison sèche.
Depuis 3 ans, l’appui de l’APEFE auprès de la DADI s’est concrétisé par la réalisation de formations diplomantes, de formations de courte durée et par l’organisation de stage, ainsi que par le développement de technique et d’outils pour améliorer la gestion de l’eau d’irrigation. Dans la foulée, le programme de l’APEFE a également permis d’équiper le ministère au niveau central et au niveau déconcentré en matériel informatique et roulant.
Dans le cadre de ce programme, un centre de démonstration sur la technique d’irrigation goutte à goutte a été mis en place à Ouagadougou. Cette technique d’irrigation consiste à apporter à chaque plante l’eau d’irrigation à l’aide de tuyaux munis de petits goutteurs. Elle a l’avantage d’être très économe en eau et de demander très peu de travail. Actuellement, cette technique n’est pratiquement pas utilisée au Burkina Faso, mais le ministère veut la vulgariser à grande échelle conscient que les techniques actuelles d’irrigation sont trop gourmandes en eau.
Le site où se situe le centre de démonstration a été acquis par l’Amicale des Femmes Forestières du Burkina (AMIFOB) vers 1996. Il était auparavant utilisé comme dépotoir d’ordure et sur une partie, les femmes du quartier ramassaient des cailloux et les revendaient pour la construction de maison. L’AMIFOB a regroupé ces femmes en une association appelée « Nabonswendé » et a mis en valeur le site en replantant des arbres et en réalisant du maraîchage. Elle a également développé d’autres activités comme la production de Soumbala (une épice locale), la fabrication de savon, … L’Association compte actuellement environ 60 femmes.
Depuis la mise en place des installations, l’association « Nabonswendé » a réalisé deux campagnes culturales ce qui permet déjà de tirer les premières leçons. L’installation du système goutte à goute a permis aux femmes d’être plus productives car au lieu de passer du temps à puiser l’eau au niveau des forages et des puits, elles peuvent vaquer à d’autres occupations. Quand elles utilisaient les arrosoirs, elles devaient parfois se lever à 3 heures du matin pour puiser l’eau.
Au cours de a première campagne, l’association a implanté 4 spéculations maraîchères traditionnelles : tomates, choux, poivrons et courgettes. Les femmes ont été satisfaites des résultats car elles ont pu se partager un bénéfice après avoir déduit toutes les charges. Cependant, un des problèmes majeurs de ce système d’irrigation au niveau des femmes est le coût de l’électricité utilisé pour le fonctionnement du système. Un suivi est cependant mis en place pour déterminer la rentabilité du système. L’idéal pour elles, serait d’installer des plaques solaires ou un château d’eau, car pour le moment c’est le programme PADI qui prend les frais d’électricité en charge.
La mise en place du centre de démonstration sur la technique d’irrigation goutte-à-goutte a permis également de montrer une nouvelle technique d’irrigation plus économe en eau et de mettre à la disposition des producteurs, des étudiants, des techniciens et des institutions un centre d’apprentissage. Les nombreuses visites enregistrées y compris de personnes étrangères témoignent de l’intérêt de l’installation d’un tel centre.
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