En mars 2021, la prestigieuse revue médicale américaine « Disability and Rehabilitation » a publié un article scientifique sur la rééducation des personnes atteintes d’AVC dont l’auteur principal est Félix Nindorera, kinésithérapeute burundais doctorant de l’UCLouvain.
Des thèses de doctorat qui s’inscrivent dans la logique d’un programme à long terme
Cet article s’inscrit dans le processus des thèses de doctorat de Felix Nindorera et Ildephonse Nduwimana, qui sont deux kinésithérapeutes burundais formés à partir de 2011 à l’Ecole Supérieure de Kinésithérapie (ESK) de la Faculté des Sciences de la santé (FSS) de Cotonou (Bénin), créée en 2000 avec l’appui du bureau d’étude belge « DPA », de l’UCLouvain, de WBI et de l’APEFE sur financement de la DGD.
Entre 2008 et 2016, la Formation dans cette école d’un noyau initial de 15 kinésithérapeutes burundais a permis le démarrage du « programme de développement de la Médecine Physique et de Réadaptation » (PAD-MPR) que l’APEFE, en collaboration avec l’UCLouvain et WBI, met en œuvre depuis 2011 au Burundi, en partenariat avec le Ministère de la Santé Publique et la Lutte contre le Sida (MSPLS) et l’ONG nationale « Conseil pour l’Education et le Développement » (COPED). Le PAD-MPR est financé par la coopération belge au développement
Après leur retour au Burundi en 2013 Ildephonse et Félix ont travaillé au « Centre National de Référence en Kinésithérapie et Réadaptation » (CNRKR) de Bujumbura construit dans le cadre de ce Programme. Ils ont ensuite été sélectionnés sur concours pour effectuer un master en kinésithérapie à l’UCLouvain. Leurs brillants résultats ont convaincu l’UCLouvain de leur proposer une thèse de doctorat qu’ils ont débutée en septembre 2019, pour quatre années, sur financement WBI et UCLouvain et sous la direction du Professeur Jean-LouisThonnard.
L’essentiel de leur parcours de thèse se passe au Burundi (9 mois par an) où ils effectuent leurs recherches. Simultanément ils enseignent à l’Ecole de kinésithérapie récemment créée à l’Institut National de Santé Publique (INSP) de Bujumbura, toujours dans cadre du PAD-MPR.
Des recherches déterminantes pour l’avenir de la réadaptation en Afrique
Les maladies chroniques (diabète, hypertension), le vieillissement et la sédentarisation de la population, les accidents de la route et d’autres facteurs difficiles à prévenir deviennent de très grands vecteurs de handicap et d’incapacités en Afrique. Pour réponde à ces nouveaux défis sanitaires, les gouvernements de ces pays cherchent à développer leurs capacités en médecine de réadaptation.
L’OMS et l’APEFE travaillent en collaboration avec les Ministère de la Santé du Burundi et du Burkina Faso pour faire avancer cette stratégie. Un des grands défis est cependant que le coût de ces soins de réadaptation reste accessible au plus grand nombre.
Les recherches d’Ildephonse et Félix visent à proposer des solutions thérapeutiques nouvelles, basées sur l’activité physique de groupe. Leurs recherches vérifient que ces méthodes de réadaptation sont autant, voire plus efficaces que les coûteuses méthodes classiques « un kiné – un patient » pour améliorer la qualité de vie des personnes victimes de ces affections. Les résultats préliminaires de leurs recherches montrent déjà une grande amélioration clinique et une bonne satisfaction des bénéficiaires.
Des perspectives d’amélioration de la prise en charge des patients, compatibles avec la culture burundaise !
Si ces résultats se confirment, ces nouvelles méthodes de réadaptation pourront être enseignées aux étudiants de la FFKR de Bujumbura. Des stages de formation continue pourront aussi être organisés pour les kinésithérapeutes déjà en fonction au Burundi. Gageons que ces nouveaux « soins » rencontreront un franc succès auprès de la population. Le sport de groupe est très populaire chez les valides au Burundi. Il devrait par conséquent être tout autant apprécié par les personnes handicapées.
Félix Nindorera au travail avec un groupe de patients victimes d’AVC
L’article du journal « Disability and Rehabilitation » est disponible ici :https://doi.org/10.1080/09638288.2021.1894247